Deux jours en pays d’Auge

Nous aurions pu visiter le Mont-Saint-Michel ou les remparts de Saint-Malo, nous aurions pu lire la cathédrale de Chartres ou celle d’Amiens, nous aurions pu passer deux jours à visiter des châteaux, la France en regorge…

Eh bien non, nous avons choisi de passer ces deux jours avec nos amis Ecossais en Pays d’Auge, et ce superbe coin de Normandie nous a réservé bien des surprises.

A 9h30 le jeudi matin place Henri DUNANT à Maule, écossais et français étaient prêts à embarquer dans le superbe minibus de la commune, tout bariolé des publicités des commerçants maulois. C’est Jean-Pierre qui en prend le volant avec 7 passagers, tandis que Jean-Yves transporte 3 passagères dans sa voiture. Et, pour aujourd’hui seulement, Patrice et Martine complètent le convoi.

Nous nous dirigeons vers l’Ouest pour un premier arrêt à Pont-Audemer, fort justement nommée la Venise normande. Balade dans les venelles, visite de la superbe église -en fait une cathédrale inachevée faute de moyens, ce qui explique la richesse des sculptures intérieures- et déjeuner sur le pouce.

Il est déjà l’heure de reprendre la route vers Livarot où l’une des voitures manque à l’appel : ils sont déjà arrivés à l’étape suivante ! la fromagerie Graindorge nous a préparé une dégustation des quatre AOP normandes (Livarot, Pont-L’Evêque, Neufchâtel et Camembert) arrosées de cidre. Nous visitons ensuite la fromagerie en suivant le processus de fabrication illustré par des vidéos très claires et fort intéressantes.

Encore quelques kilomètres et nous retrouvons la troisième voiture au haras d’Ecajeul. Le nombre de haras dans ce coin de Normandie est phénoménal, plus d’un tous les 4 kms, dont le fabuleux haras de l’Aga Khan. L’éleveur nous installe sur des bancs en plein air, entre pré et stalles, et fait défiler devant nous les différents types de chevaux qu’il élève, nous expliquant quelles sont les qualités requises pour sélectionner un coureur rapide, un excellent trotteur, un sauteur léger. S’ils gagnent des courses, leurs saillies, réalisées dans le monde entier, rapporteront ensuite des fortunes à leur propriétaire. Visiblement passionné par son métier, notre hôte nous raconte comment l’on dresse un cheval en chuchotant à son oreille, avec un résultat assuré en douceur, sans violence et en 1h alors qu’avec les anciennes méthodes, il fallait plusieurs jours de contraintes pour obtenir un cheval soumis. Après plus d’une heure d’un exposé remarquable, tant en français qu’en anglais, nous rejoignons sa femme qui a dressé pour nous, sous les pommiers devant la maison, une table joliment fleurie couverte de gâteaux maison succulents, de cidre et de jus de pomme.

Nous quittons à regret ce lieu très sympathique pour nous diriger vers Falaise qui, petit détail géographique, ne se trouve pas en Pays d’Auge : nous sommes maintenant en Suisse normande.

Nous nous arrêtons à Saint-Pierre-Canivet pour déposer nos bagages au Domaine de la Tour, superbe hôtel, installé dans d’anciens bâtiments annexes du château voisin, qui nous hébergera pour la nuit.

Un petit tour dans Falaise nous permet de découvrir le château de Guillaume le Conquérant. Illuminée par le soleil couchant, cette énorme forteresse d’où partît Guillaume écrase la ville du haut de son perchoir.

Nous nous posons pour un dîner savoureux avant de regagner nos chambres pour une nuit réparatrice.

Après un excellent petit déjeuner (avec fromages et beurre normands, bien sûr !), nous prenons la route vers la chapelle Saint-Vigor. Cette chapelle du XIIIème siècle menaçait ruine lorsque l’artiste Kyoji Takubo, avec l’aide de sponsors français et japonais et le savoir-faire d’artisans des deux pays, l’a transformée en œuvre d’art, restaurant le gros œuvre, remplaçant les tuiles manquantes par des tuiles de verre coloré et décorant les murs de pommiers normands traités à la manière japonaise. Une perle à découvrir.

Quelques kilomètres encore et, après avoir collecté au passage le fromage destiné à notre soirée de samedi, nous voilà à la cidrerie Dupont. Là encore, c’est une passionnée bilingue qui nous fait découvrir la cidrerie où elle travaille, domaine familial depuis 3 générations, en commençant par les champs de pommiers où sont élevés 50 variétés de pommes différentes, puis les bâtiments où ce fruit devient jus, cidre, calvados, champagne de pomme ou encore moelleux pour accompagner foie gras ou vieux Stilton. Elle nous fait ensuite déguster ces différents produits, et nous sommes légèrement euphoriques lorsque nous nous dirigeons ensuite vers Beuvron-en-Auge, classé « Plus beau village de France », une appellation bien méritée.

Déjeuner sur place avant de prendre la route du retour, non sans une dernière visite à l’abbaye du Bec-Hellouin, merveille architecturale toujours en activité, mais aussi lieu passionnant où l’histoire a soufflé pendant des siècles.

Retour à Maule où nous attendent bien d’autres festivités, la semaine n’est pas terminée !